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Page:Sandre - Le purgatoire, 1924.djvu/35

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prisonnier

pitié de ce qu’il considère comme notre sottise, ou parce qu’il nous approuve.

Après un court conciliabule, le jeune leùtnant d’état-major qui nous a conduits transmet un ordre au téléphone.

Le vieil oberst nous dit :

— Un cuirassier va venir vous chercher. Il vous mènera au quartier général de la division, à Villes.

Puis, sans hésitation :

— Pourquoi votre artillerie vous a-t-elle tiré dessus hier ?

Et il ajoute un jugement cruel sur nos artilleurs.

Mais le capitaine répond :

— Notre artillerie nous a tiré dessus hier, c’est vrai, comme votre artillerie a tiré sur vos fantassins, avant-hier et ce matin. Ce sont les inévitables accidents du travail.

L’oberst penche la tête pour acquiescer.

À son tour, le capitaine pose une question.

— Un de nos camarades a été tué, tout à l’heure, au cours du combat. Il est resté dans la tranchée. C’était un magnifique soldat. Est-ce que vous ne pourriez pas lui faire donner une sépulture décente, pour que sa famille puisse avoir son corps, après la guerre ?

L’oberst penche encore la tête et répond :

— C’est très facile, et c’est une chose naturelle. Voulez-vous nous fournir les renseignements nécessaires ?

L’un des deux officiers adjoints fait semblant de prendre en note les indications du capitaine.

L’oberst ajoute :

— Votre camarade sera enterré convenablement.

Nous n’avons jamais su si la promesse de l’oberst