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Page:Sandre - Le purgatoire, 1924.djvu/59

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de rouvrois à pierrepont

d’armée, divisions et brigades. Un trait de crayon bleu encadre les unités que les Allemands ont pu identifier devant eux à Verdun, depuis le 21 février, premier jour de l’offensive.

L’officier a un sourire satisfait. Mais il nous montre du doigt plusieurs points d’interrogation, faits au crayon bleu aussi, qui déparent le beau travail qu’il nous exhibait. Son geste est d’une candeur touchante, et c’est nous maintenant qui, pour toute réponse, nous contentons de sourire. Alors l’officier replie mélancoliquement son tableau.

Pour dissiper la gêne qu’il sent, il nous annonce que nous quitterons Rouvrois dans le courant de l’après-midi, vers deux heures. Nous irons à Pierrepont, qui est un point d’embarquement, et nous partirons avec un certain nombre de soldats français, prisonniers comme nous, lesquels sont gardés et parqués dans l’église du village.

Le capitaine profite de l’occasion pour demander ce que sont devenues nos ordonnances.

— Un major du 36e saxon, dit-il, nous avait promis qu’on nous les laisserait. Mais on nous les a retirées en route pour transporter des blessés.

L’officier s’empresse de répondre que la promesse du major sera tenue, que c’est une chose certaine, que les Allemands ont l’habitude de ne pas séparer les ordonnances de leurs officiers et que par conséquent les nôtres nous seront rendues lors de l’embarquement en chemin de fer. Et sur cette promesse, qui ne lui coûte que quelques phrases, l’officier se retire.

C’est maintenant l’heure de notre premier repas officiel, et ce sera le plus important de la journée,