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Page:Sapho - Le tutu, mœurs fin de siècle, 1891.djvu/120

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MŒURS FIN DE SIÈCLE


sur la couverture du lit, avec des grognements, des jappements, et des miaulements de joie. Mauri, qui détestait les hommes, n’aimait guère davantage les animaux, et ce fut avec un plissement frontal qu’il se coula dans le lit. Quelque chose de froid s’enroula autour de ses jambes : c’était une couleuvre, deux couleuvres, trois couleuvres, très inoffensives d’ailleurs, ainsi qu’un lézard, inoffensif aussi, qu’il dérangeait dans leur sommeil.

— Ne crains rien, mon chéri, ils ne font pas de mal. Les couleuvres me connaissent, c’est moi qui les ai élevées ; je vais leur donner à téter ; tu verras, c’est rien rigolo.

Et après un silence :

— Oh, ce qu’ils me donnent de mal ! Il faut toujours les décrotter, c’est embêtant.

Elle prit une couleuvre, et découvrant son sein, lui en fit entrer le bout dans la gueule. En moins de cinq minutes, la bête, gorgée de lait, ne pouvait plus se tenir debout.