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Page:Sardou - La haine.djvu/103

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ACTE TROISIÈME.

UBERTA.

Si quelqu’un doit succomber, c’est moi ! te dis-je ! — Donne donc !

CORDELIA.

Non ! — L’âge trahirait ta force !

UBERTA.

Quand toute l’âme de mon fils est dans mon bras ! — Cordelia ne me dispute pas cette joie ! — Cet homme m’appartient avant d’être à toi ! — C’est avant de t’outrager qu’il avait tué mon enfant !

CORDELIA.

Et qui de nous deux est la plus frappée ? — Tu ne pleures qu’un mort, toi ; — et je me pleure,… moi, vivante !

UBERTA.

Je te conjure !…

CORDELIA.

Et moi je t’ordonne ! Assez !… L’arme est à moi ; et c’est à moi qu’elle servira !…

UBERTA.

Tout de suite, alors !… Qu’attends-tu ?… Vois !… (Lui montrant Orso sur la place, au fond.)… Il est seul !…

CORDELIA.

Il y a trêve jusqu’à l’Angelus, — et je ne chargerai pas mon âme d’un sacrilège !

UBERTA.

Vain scrupule ! — Pour que l’occasion nous échappe !

CORDELIA.

Laisse-moi faire à ma guise, et va-t-en !

UBERTA.

Que je parte ?

CORDELIA.

Tu me gênes et m’obsèdes !… Va-t-en !

UBERTA, montrant la porte à droite.

Là seulement !… que je voie !