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Page:Sardou - La haine.djvu/128

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102
LA HAINE.

CORDELIA.

Un crime !…

UBERTA, hors d’elle-même.

Cette complice qui m’arrête le bras, me désarme,… à qui je me fie !… et qui fait grâce, comme cela !… Et qui ne se dit pas un instant qu’elle me doit ma part de cet homme ; et qu’elle n’a pas le droit de me voler sa mort !

CORDELIA.

Ah ! que le Ciel ne t’entende pas !

UBERTA.

Qu’il m’entende !…et Giugurta aussi !… et qu’il sache bien que tu ne hasardes le salut de ton frère… que pour mieux assurer celui de ton amant !… (Appelant.) Giugurta !

CORDELIA, entre Uberta et la porte de Giugurta.

Quand Dieu l’a sauvé !

UBERTA, folle.

L’assassin de mon fils est là… je veux l’assassin de mon fils !… Voilà tout !… Giugurta !…

CORDELIA, s’accrochant à elle[1].

Par pitié !

UBERTA, la repoussant et passant malgré elle.

Mon fils n’en veut pas de ta pitié !… Il m’appelle et me crie : « Mère, venge-moi ! »

CORDELIA, même jeu.

Non ! non !

UBERTA, voulant se dégager et violemment.

Si ! — Je l’entends !…

CORDELIA, la retenant avec force et se cramponnant à elle.

Écoute-le donc !… mais écoute-le bien !… Non ! non !… il ne te crie pas :… « Le sang pour le sang !… » car il était généreux et bon, et Dieu lui a fait place en cette éternité

  1. Uberta, Cordelia.