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Page:Sardou - La haine.djvu/29

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ACTE PREMIER.

LE LUCQUOIS, montrant le poing aux clochers, du fond.

Si on m’y rattrape dans leur ville du diable !…

LE PISAN, arrivant par la voûte de droite avec deux seaux à la main.

Et moi donc !… le temps de donner à boire à mes mules et je retourne à Pise plus vite que je ne suis venu ! (Il remplit ses seaux à la fontaine.)

LE PÉROUSIEN, en paysan, sur la margelle de la rue haute à gauche.

Dites donc, vous autres !… il sera beau le marché de demain !… pour la grande fête !

TOUS, haussant l’épaule.

Oui !…

LE PISAN.

Il va bien, à présent, leur fameux commerce !… (Le Pérousien descend par l’escalier. — Détonations très-lointaines. — Le Lucquois s’assied au milieu près de la charrette, sur son ballot.)

LE BOLONAIS, riant.

Tenez ! tenez ! s’arrangent-ils ? (Rires des marchands.)

BRAGUELLA.

Ça vous fait rire, vous, des fils de la même ville qui se déchirent comme ça ?…

LE BOLONAIS.

Tiens !… Toutes les fois que nous nous sommes battus entre nous, à Bologne, on s’est donc lamenté ici sur notre compte ?

LE PÉROUSIEN, qui est descendu et qui puise à la jarre.

Il a raison le Bolonais !… — De jolis voisins, vos Siennois !

LE LUCQUOIS.

Jaloux !… ingrats !…

LE FLORENTIN.

« Plus vaniteux, dit le Dante, que les Français eux-mêmes !… »