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Page:Sardou - La haine.djvu/50

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LA HAINE.

hasardent sur la place, observent, font signe à d’autres qui les ont suivis, et toujours rasant les murs, font le tour de la place. — Les autres archers suivent de même et peu à peu garnissent la place en nombre, blottis dans tous les angles, derrière tout ce qui peut leur servir d’abri, et prêts à tirer. — Malerba, Scartone et Buonocorso paraissent alors sous la voûte, et toujours en silence, prennent connaissance des lieux, tandis que quelques archers commencent à ramper sur l’escalier et à escalader les murs de la voûte de gauche. — Pendant tout ce temps, les tambours Guelfes roulant sourdement un pas de charge, et les sonneries de trompettes de plus en plus précipités, annoncent l’arrivée du gros des troupes. Puis tout à coup la bataille éclate dans la rue Camollia, au fond, par une canonnade furieuse et des cris de toutes sortes. Une masse de Guelfes conduits par Splendiano attaque la rue haute. À travers les poutres qui obstruent la voûte du fond, ou entrevoit un combat acharné. Puis ce fond s’éclaire, le feu étant mis aux poutres, et les combattants s’agitent dans la flamme rouge. De tous côtés les fanfares éclatent furieuses, les tambours battent avec rage. L’artillerie tonne. On entend les cris des chefs : Saint-Georges ! Saint-Georges ! — Notre-Dame ! Notre-Dame ! — Une masse d’hommes tout cuirassés envahit la place par la voûte, Ugone en tête, et va pour attaquer en courant la voûte du fond, quand au milieu des poutres enflammées, les enjambant, les dispersant à coups de hache, parait, suivi de tous les siens, Orso, qui s’élance triomphalement sur la place, où il est accueilli par des cris de victoire. — La scène de tous côtés, sur les décombres, dans la rue haute, partout, se garnit de Guelfes maîtres de la place, agitant leurs armes et des torches, criant et frappant sur leurs boucliers en signe de joie.)

ORSO.

Saint-Georges et bataille !… Vive Guelfes !

LES GUELFES, du fond, suivant Orso à travers les poutres enflammées.

Et gloire à Orso !… (Les fanfares sonnent, les tambours battent le salut.)

CEUX DE LA PLACE, de même.

Gloire à Orso !…

ORSO.

Et maintenant, amis, au Campo !… (Il va pour s’élancer à leur tête, par la droite.)

TOUS.

La herse est baissée !