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Page:Sardou - Les femmes fortes, 1861.djvu/25

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ACTE PREMIER.

LACHAPELLE.

C’est admirable… mais j’hésiterais…

QUENTIN.

Et les maisons, jeune arriéré… et les rues !… Et les docks !… et les hôtels !…

DEBORAH, se levant.

Beautiful… yes !…

QUENTIN.

On parle des trucs de l’Opéra, quelle pitié ! Vous êtes dans votre chambre, monsieur. Vous poussez un bouton, et un porte-voix crie à l’autre bout de l’hôtel : M. Lachapelle demande un tire-botte ! Et le tire-botte surgit instantanément du parquet ! Ou : M. Lachapelle désire un coup de brosse. Et un petit balai descend du plafond et vous brosse amoureusement des pieds à la tête. Est-ce un bain qu’il vous faut ? Tournez cette clef ! Et votre lit se transforme en baignoire aux sons d’une musique délicieuse. Frappez ici, votre lampe s’éteint! Cognez là, votre feu s’allume ! Tirez ce cordon, voici le journal ! Poussez ce piston, c’est un potage, et touchez enfin ce ressort… votre chemise de la veille disparaît par la cheminée, et revient blanchie par le dessous de la porte !

DEBORAH, vivement.

Aoh ! shocking !… (Elle tombe sur une chaise, en pâmoison.)

LACHAPELLE.

Hein ?

QUENTIN.

Ah ! malheureux !… J’ai parlé de chemise !… La pudeur !… Ah ! c’est une nation si pudique… Miss… miss !…

(Il lui frappe dans les mains. Tout le monde entoure Deborah.)
LACHAPELLE, à Claire.

Ah çà… est-ce que le cerveau ?…

CLAIRE.

J’en ai peur !

QUENTIN.

Ce n’est rien. Un peu d’air. (Il va ouvrir la fenêtre.)

DEBORAH.

Yes !

QUENTIN.

Claire vous fera faire un tour de jardin.