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Page:Sardou - Les femmes fortes, 1861.djvu/65

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ACTE TROISIÈME.

LACHAPELLE, s’arrêtant.

Mais pardon… distinguons… (Prenant son parti.) Aussi bien, je suis pressé et le temps de l’hésitation est passé… Oui, je n’hésite plus !

GABRIELLE, reculant.

Mais qu’est-ce que c’est que ça, mon Dieu !

LACHAPELLE.

Voilà six mois, mademoiselle, que je consulte mon coeur à l’instigation de mademoiselle Claire et que je me demande si je vous aime pour tout de bon, ou si je ne vous aime pas !

GABRIELLE.

Ce doute me charme !

LACHAPELLE.

Il n’y a plus de doute, mademoiselle, en vous voyant hier évanouie, j’ai compris pour la première fois ce qui se passe dans cette âme… je vous aime ! C’est un fait avéré, incontestable !

GABRIELLE.

Mais prenez garde ! S’il y avait malentendu, si c’était ma soeur au lieu de moi ?

LACHAPELLE, frappé et réfléchissant un instant.

Votre soeur… (Avec décision.) Non !

GABRIELLE.

Alors, c’est très-décidément ?

LACHAPELLE.

Vous !

GABRIELLE.

Eh bien ! qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ?

LACHAPELLE.

Mais je veux que vous m’autorisiez à demander votre main à monsieur votre père.

GABRIELLE.

Sans dot ?

LACHAPELLE.

Voilà ma nature : dès qu’une femme n’a plus de dot, je me présente !

GABRIELLE.

Mais c’est très-beau, cela !

LACHAPELLE, modestement.

Est-ce beau ?