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Page:Sardou - Les femmes fortes, 1861.djvu/91

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ACTE TROISIÈME.

CLAIRE.

Sans nappe !

JONATHAN.

Bah !

CLAIRE.

Oh ! ce n’est pas permis : attendez ! (Elle jette une nappe sur la table.)

JONATHAN.

Quel luxe !

CLAIRE, (mettant le petit couvert.)

Non ! non ! ne touchez à rien ! Les hommes ont la main trop lourde !… Chacun son métier ! (Elle va chercher une serviette dans l’armoire et revient.)

JONATHAN, (mangeant.)

C’est gentil de la voir trotter comme ça ! Et puis elle ne fait pas d’embarras celle-là, on ne l’entend pas !

CLAIRE, (lui versant une tasse de thé.)

La !… voilà votre thé ! Tenez !…

JONATHAN, (s’asseyant.)

Ma foi, merci, mademoiselle. Comment vous appelez-vous ?

CLAIRE.

Claire !

JONATHAN, (sucrant.)

Claire ! C’est un joli nom !… Claire ! (Mouvement de Claire. Il reprend brutalement.) Je vous dis que c’est un joli nom ! (Il boit.)

CLAIRE, à la malle.

Merci pour lui ! — Est-il bon ?

JONATHAN.

Ah ! délicieux ! Ah le bon thé ! voilà de bon thé… Est-ce que vous en faites comme cela à mon oncle ?

CLAIRE.

Tous les soirs ! (Elle va à l’armoire.)

JONATHAN.

Il est bien heureux, mon oncle ! (Regardant l’armoire qui est pleine de linge.) Et son linge qui est tout rangé dans l’armoire : c’est vous qui rangez ça ?…

CLAIRE, apportant un petit guéridon près de la malle, à gauche.

Mais oui !…

JONATHAN, soupirant.

Ah ! cela me rappelle ma pauvre mère ! Elle avait aussi une grande armoire comme vous, et des serviettes et