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Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/117

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LIV. II. SATIRE I.

Ou bien, si rien en vous n’éteint l’ardeur d’écrire,
Certain du noble prix qu’obtiendra votre lyre,
Célébrez de César les exploits éclatans.
— Déjà je les aurais chantés depuis long-temps ;
Mais chacun n’est point propre à peindre la vaillance,
Et le Gaulois altier expirant sur sa lance,
Et le Romain vainqueur, et le Parthe blessé,
De son coursier fougueux par un trait renversé.
— Au moins vous auriez pu d’un prince ferme et sage
Célébrer la justice et vanter le courage.
Ainsi jadis Lucile honora Scipion.
— Je n’en laisserai point passer l’occasion ;
Mais je ne voudrais pas de ses propres merveilles
Aller mal à propos lui lasser les oreilles.
Car César, s’il accepte un encens qu’on lui doit,
Se cabre sous la main d’un flatteur maladroit.
— Sans doute ; mais il faut y mettre de l’adresse ;
Et cela vaudrait mieux que de venir sans cesse
Percer de traits sanglans Crispinus, Fannius,
Pantolabe et surtout ce bon Tigellius.
Tout le monde en effet craint de prêter à rire,
Et, n’eût-il rien à craindre, abhorre la satire.
— Que voulez-vous ! Milon, dès qu’à ses yeux troublés,
Dans la chaleur du vin, les flambeaux sont doublés,
Se livre pour la danse au transport qui l’entraîne :
Castor, noble écuyer guide un char dans l’arène ;
Pollux, adroit lutteur du ceste arme son bras ;
Autant d’hommes, autant de penchans ici-bas.
Le mien est d’imiter le genre de Lucile,
Qui nous vaut bien tous deux, s’il n’est pas plus habile.