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Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/123

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LIV. II. SATIRE I.

Voulaient fuir des emplois la fatigue et l’ennui,
Ils couraient chez Lucile ; et c’était avec lui
Qu’ils goûtaient le bonheur d’une douce retraite,
Heureux de partager le souper du poète,
Et ses plaisirs sans faste et ses jeux innocens.
Je n’ai pas sa naissance, encor moins ses talens :
Comme à lui, cependant, quoi qu’en dise l’envie,
Qui briserait ses dents en mordant sur ma vie,
Les grands ne m’ont fermé leur cœur ni leur maison.
Docte Trébatius, ai-je tort ou raison ?
— Vous avez raison, mais vous ignorez peut-être
Une loi qu’il importe aux auteurs de connaître :
La voici : « Le préteur punira l’écrivain
Qui par des vers méchans blessera son prochain. »
— Oui, par de méchans vers, et le décret est juste ;
Mais s’ils sont bons ; s’ils ont le suffrage d’Auguste ;
Si l’auteur pour son compte, exempt de tout défaut,
Ne blesse qu’un fripon, ou n’a berné qu’un sot !
— Oh ! tout le monde alors approuvant la satire,
Le procès finira par des éclats de rire.


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