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Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/247

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Ces sévères dehors, cet air triste et sauvage,
Et ce qui nous occupe au sortir du jeune âge,
Et ces vieillards frondeurs… alors, romains, alors…
Pardon… — Non : je ne puis approuver vos transports.
— Que faire ? j’aime à rire, et j’ai l’humeur caustique.
— Soit ; mais, mon cher Flaccus, en ce siècle emphatique,
Prose ou vers, on ne veut que des mots, que des sons
Capables d’essouffler les plus larges poumons.
— Ainsi donc, étalant votre magnificence,
Et paré comme au jour qu’on fête sa naissance,
Bientôt on vous verra sous de riches habits,
Bien parfumé, les doigts éclatants de rubis,
D’un fauteuil élevé déclamer votre ouvrage,
Et briguer en tremblant un futile suffrage.
D’abord vous aurez su, lecteur harmonieux,
Pour rendre votre ton plus pur, plus gracieux,
D’un sirop pectoral adoucir votre organe,
Et vos yeux languissants, chargés d’un feu profane,
Au sein de nos Titus palpitant de plaisir,
Iront de veine en veine allumer le désir.
C’est là que murmurant d’une voix presque éteinte,
De l’aiguillon des sens ils éprouvent l’atteinte,
Quand de ces vers remplis d’une molle langueur,
L’accent voluptueux vient chatouiller leur cœur.
Est-ce à vous cependant que sied ce personnage,
Vieux fou, vieux radoteur ? Est-ce à vous, à votre âge,
D’aller repaître ainsi les oreilles des sots ?
Et cela, pour vous voir au milieu des bravos
Dont soudain retentit un bruyant auditoire,
Vous même succombant sous le poids de la gloire,