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Page:Saussure - Cours de linguistique générale, éd. Bally et Sechehaye, 1971.djvu/279

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d’être partielles, intéressent le périmètre tout entier de deux ou plusieurs aires :


Quand ces concordances sont suffisamment nombreuses on peut par approximation parler de dialecte. Elles s’expliquent par des faits sociaux, politiques, religieux, etc., dont nous faisons totalement abstraction ici ; elles voilent, sans jamais l’effacer complètement, le fait primordial et naturel de la différenciation par aires indépendantes.

§ 4.

Les langues n’ont pas de limites naturelles.

Il est difficile de dire en quoi consiste la différence entre une langue et un dialecte. Souvent un dialecte porte le nom de langue parce qu’il a produit une littérature ; c’est le cas du portugais et du hollandais. La question d’intelligibilité joue aussi son rôle ; on dira volontiers de personnes qui ne se comprennent pas qu’elles parlent des langues différentes. Quoi qu’il en soit, des langues qui se sont développées sur un territoire continu au sein de populations sédentaires permettent de constater les mêmes faits que les dialectes, sur une plus grande échelle ; on y retrouve les ondes d’innovation, seulement elles embrassent un terrain commun à plusieurs langues.

Dans les conditions idéales que nous avons supposées, on ne peut pas plus établir de frontières entre langue parentes qu’entre dialectes ; l’étendue du territoire est indifférente. De même qu’on ne saurait dire où finit le