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Page:Saussure - Cours de linguistique générale, éd. Bally et Sechehaye, 1971.djvu/84

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de procéder, comme elle le fait, par unités phonologiques abstraites.

On a émis la théorie que dans tout phonème simple considéré dans la chaîne, par exemple p dans pa ou apa, il y a successivement une implosion et une explosion (a͐p᷾a). Sans doute toute ouverture doit être précédée d’une fermeture ; pour prendre un autre exemple encore, si je dis r͐p᷾ je devrai, après avoir opéré la fermeture du r, articuler avec la luette un r ouvrant pendant que l’occlusion du p se forme vers les lèvres. Mais pour répondre à cette objection, il suffit de bien spécifier quel est notre point de vue. Dans l’acte phonatoire que nous allons analyser, nous ne tenons compte que des éléments différentiels, saillants pour l’oreille et capables de servir à une délimitation des unités acoustiques dans la chaîne parlée. Seules ces unités acoustico-motrices doivent être considérées ; ainsi l’articulation du r explosif qui accompagne celle du p explosif est pour nous inexistante, parce qu’elle ne produit pas un son perceptible, ou du moins qu’elle ne compte pas dans la chaîne des phonèmes. C’est là un point essentiel dont il faut bien se pénétrer pour comprendre les développements qui suivent.

§ 3.

Combinaisons diverses des explosions et des implosions dans la chaîne.

Voyons maintenant ce qui doit résulter de la consécution des explosions et des implosions dans les quatre combinaisons théoriquement possibles : 1° <>, 2° ><, 3° <<, 4° >>.

1° Groupe explosivo-implosif (<>). On peut toujours, sans rompre la chaîne parlée, joindre deux phonèmes dont l’un est explosif et le second implosif. Ex. : k᷾r͐, k᷾i͐, y᷾m͐, etc. (cf. sanscrit k᷾r͐ta-, français k᷾i͐te « quitter », indo-europ. y᷾m͐to-, etc.). Sans doute, certaines combinaisons, telles que k͐t͐, etc.,