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Page:Saussure - Cours de linguistique générale, éd. Bally et Sechehaye, 1971.djvu/91

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Il se produit plus facilement avec les espèces phonologiques de grande aperture.

Il y a aussi le cas des chaînons explosifs rompus, qui sans être gradués, entrent dans la chaîne phonique au même titre que les groupes normaux ; nous avons touché ce cas à propos du grec kteínō, p. 85, note. Soit encore, par exemple, le groupe pzta : il ne peut se prononcer normalement que p᷾z᷾t᷾a͐ : il doit donc comprendre deux syllabes, et il les a en effet si l’on fait entendre nettement le son laryngé de z ; mais si le z s’assourdit, comme c’est un des phonèmes qui demandent le moins d’ouverture, l’opposition entre z et a fait qu’on ne perçoit plus qu’une syllabe et qu’on entend à peu près p᷾z᷾t᷾a͐.

Dans tous les cas de ce genre, la volonté et l’intention peuvent, en intervenant, donner le change et tourner dans une certaine mesure les nécessités physiologiques ; il est souvent difficile de dire exactement quelle part revient à chacun des deux ordres de facteurs. Mais quoi qu’il en soit, la phonation suppose une succession d’implosions et d’explosions, et c’est là la condition fondamentale de la syllabation.

§ 6.

Durée de l’implosion et de l’explosion.

En expliquant la syllabe par le jeu des explosions et des implosions, on est conduit à une observation importante qui n’est que la généralisation d’un fait de métrique. On distingue dans les mots grecs et latins deux sortes de longues : celles de nature (māter) et celles de position (fāctus). Pourquoi fac est-il mesuré long dans facius ? On répond : à cause du groupe ct ; mais si cela tient au groupe en soi, n’importe quelle syllabe commençant par deux consonnes aura aussi la quantité longue ; pourtant il n’en est rien (cf. clĭens, etc.).

La véritable raison est que l’explosion et l’implosion sont