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Page:Sauvage - Tandis que la terre tourne, 1910.djvu/101

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la mort en croupe

La vieillesse est si loin, tant de coquelicots
Ont encore à fleurir en défripant leurs langes.
Il faut que les vergers crottent les abricots,
Que la tonte du blé précède les vendanges ;
Puis, l’hiver passera courbé sous un fagot,
La bûche flambera comme un soleil en chambre ;
On n’aura pas le temps d’accrocher ses sabots
Que Mars blond et mouillé groupera sa fleur d’ambre.

Tournons dans le rondeau gracieux des saisons
Tandis que nos moutons paissent le foin qui pousse ;
Peut-être que les loups préfèrent le gazon
Aux agneaux et le manger tendre de la mousse.
Ignorons la rafale et ses vols de corbeaux,
La vigne qui paraît au mur crucifiée,
La rose larmoyante au-dessus des tombeaux,
La clé du cimetière avec sa voix rouillée.
Pourquoi nourrir un cœur creusé par les frelons ?
Heureux ceux dont la tête est vide de pensées,
Heureux le roi biblique entre ses étalons
Caparaçonnés d’or et de franges pressées ;