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Page:Sauvage - Tandis que la terre tourne, 1910.djvu/119

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l’âme en bourgeon

Qui pour le premier jour façonna les étoiles
Et leur donna l’éclair et l’ardeur de ses moëlles.
Je porte dans mon sein un monde en mouvement
Dont ma force a couvé les jeunes pépiements,
Qui sentira la mer battre dans ses artères,
Qui lèvera son front dans les ombres sévères
Et qui, fait du limon du jour et de la nuit,
Valsera dans l’éther comme un astre réduit.


*


Je suis grande, je suis la plaine fourragère,
La grappe et le froment pendent à mon côté,
Je marche et me répands ainsi que la lumière,
Ma main verse aux labours les rayons de l’été.
Je suis l’arbre fécond dont le bras fructifie
Et je regarde avec un œil gros d’infini
Grouiller dans mon giron les graines de la vie
Et des chapelets d’œufs ceindre mon flanc béni.
Soleil, j’ai comme toi des tresses de semence,