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Page:Sauvage - Tandis que la terre tourne, 1910.djvu/157

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l’âme en bourgeon


Vois-tu, je suis vide et suis soûle
Comme une jonque sans rameur ;
J’ai l’âme de la mère-poule
Dont fuit le caneton nageur.

Fallait-il que je sois la plante
Qui voit le vent ravir son grain
Et qui reste sèche et craquante,
Les pieds enchaînés au terrain ?

Tu n’es plus tout à moi. Ta tête
Réfléchit déjà d’autres cieux
Et c’est l’ombre de la tempête
Qui déjà monte dans tes yeux.