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Page:Sauvage - Tandis que la terre tourne, 1910.djvu/24

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tandis que la terre tourne

La voix du vent avait des paroles sifflantes,
De sinistres hochets agitaient leurs grelots,
Les portes des maisons ouvraient des gueules d’ombre :

Mais je t’aimais surtout, l’air ingénu, marchant
Sans bruit sur le tapis ondoyant d’un ciel sombre,
Nonne blanche attentive au chevet du couchant ;
Je t’aimais, conduisant l’étoile moutonnière,
Bergère bénévole aux pâtis de l’azur
Où çà et là paraît ainsi qu’une clairière
Dans sa virginité solitaire un coin pur.
Je t’aimais, frais soleil qui fais fleurir les astres,
Les cœurs silencieux et les belles de nuit.
J’aimais ton chaton roux qu’une auréole encastre
Et le sourire aigu de ton croissant réduit.
Ô toi dont je connais chaque métamorphose,
Cétoine de la nuit, cabochon diapré,
Bonbonnière d’émail, coffret de laque rose,
Gâteau doré, médaille, étang du parc ombré,
Pomme offrant ton symbole aux étreintes nocturnes,
Toi qui viens t’accouder aux courbes des coteaux