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Page:Sauvage - Tandis que la terre tourne, 1910.djvu/38

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tandis que la terre tourne

Le jardinier disait : Voyez
Ces chenilles en longue file
Qui vont tortuant du poirier
Jusqu’au bassin comme un reptile.
Que j’aimais, les beaux mois venus,
Passer vos fruits, vos molles verges,
Au travers de mes doigts menus,
Forêt mignonne des asperges ;
Ces gouttes de tièdes rubis
Vous les portiez comme aux oreilles
Et vous étiez les tamaris
Des agrions et perce-oreilles.
De leurs volcans secs et brûlés
Les fourmis coulaient, brunes laves,
Les limaces se faufilaient
En laissant l’argent de leurs baves ;
L’escargot qui porte son toit
Comme l’éléphant turrigère
Rentrait sa corne quand mon doigt
En poussait la trompe filaire.
Nous attrapions un cerf-volant
Avec sa ramure de tôle