Aller au contenu

Page:Sauvage - Tandis que la terre tourne, 1910.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
pleine lune ou croissant


Je veux une musique impalpable et ténue
Où des spectres de fleurs à flots éparpillés
Tournoieront sur une eau phosphorescente et nue
Entre des rayons bleus droits comme des piliers ;

Où des ailes sans corps apparent dans l’espace
Marieront à l’essor leur miroitement blond,
Pendant que pleurera au bord d’une terrasse,
Sans qu’une main l’effleure, un discret violon.

Cela se passera dans un pays gothique,
Dont les palais flanqués de jets lancéolés,
Dressant vers l’infini leur geste fatidique,
Légers, s’ajoureront de signes dentelés.

Les plaines fumeront comme aux lointains de brumes,
Sous le clair incessant des astres nébuleux ;
Tous les contours auront des mollesses de plumes
Et seront indécis de pénombre autour d’eux.