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Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/107

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Bonne-Emma, relàché à Porz Pol pour avaries. On crut que Stéphan s’était jeté à l’eau, d’où son surnom. Deux ans après, des « Douarnenez » qui avaient poussé leur barque jusqu’à Lytiry le retrouvèrent. Il avait vécu de coquilles, de vers de vase et de poisson. De temps en temps, un « Perros » lui jetait une miche de pain, par miséricorde.

Et allez voir les deux familles qui habitent Quéménès, et le sauvage de l’île Ségal, et les colons de Béniguet, et Croleven, qui passa cinq ans a Bannec... Ceux-là, ils pourraient vous dire ce que c’est que la vie des îles, plus perdue que celle des phares isolés en mer, que des bateaux pourvoyeurs, au moins, visitent à des époques fixes.

Les épisodes les plus dramatiques se rattachent souvent à ces existences. Mais jamais je n’ai connu d’aventure plus pitoyable que celle de Virginie Kergrésan, la fille d’un ancien gardien-chef du sémaphore du Créac’h, Virginie, qui épousa un cultivateur des environs de Plouguerneau, et vécut avec son mari et ses enfants huit ans à Trielen.


Quand vous venez du Conquet à Ouessant, passé Béniguet, vous laissez sur la gauche, en