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Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/135

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plus, toi et moi... » Et, aujourd’hui je ne t’en aime que mieux. Pourquoi ? Voilà, qui dira jamais pourquoi ?

— Tu es sotte ! fit Le Lamber, en venant à elle. Et il l’enleva dans ses bras, tendrement, et il la fit sauter en l’air, deux ou trois fois, et il la berça comme on berce un enfant.

Françoise était grande et lourde, mais elle semblait une plume dans les bras puissants du jeune homme. Son cou libre s’appuyait sur l’épaule de Le Lamber, mollement et la tête, qui s’abandonnait, retombait, faisant jaillir la gorge ; ses cheveux châtains se répandaient en cascade.

D’habitude, quand il la prenait ainsi, elle riait, fière de la force du chéri de son cœur. Mais cette fois, elle attachait seulement sur lui un long regard sérieux. Si Le Lamber avait vu ce regard, il aurait dû se méfier. Mais il ne le vit même pas. Et l’eût-il vu, qu’il n’y eût pas attaché d’importance, car il aimait Françoise de toute la vigueur de son sang.

Et, à ce moment même, il pensait que personne au monde ne valait son amie.


Mais, quand il rencontra Aline, Caïn, trois jours après, dans la venelle solitaire qui grimpe