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Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/178

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l’azur placide des eaux comme un long caillou gris et blond. Une brume légère en rend indécis les contours. Et dans les criques exposées au soleil qui s’élève au-dessus du continent, vers l’Aber, des vapeurs striées montent. Les travailleuses se hâtent par petits groupes vers les champs disséminés dans l’île et dont elles ont des sillons çà et là. Souvent, ils sont entourés de ces muretins de pierre, à hauteur d’épaule, qui donnent, quand on les voit d’ensemble, un aspect si particulier au pays. Beaucoup de ces champs sont réduits au point que leur superficie, parfois, n’excède pas cinq mètres. Quelques-uns de ces lopins sont même partagés en morcellements qui appartiennent à des familles différentes.

Jusqu’à la Révolution, les indigènes dont les terrains étaient entourés de clôtures ne payaient pas de redevance : il en résultait une sorte de plus-value et c’est à cela, sans doute, qu’il faut attribuer une si grande division de la propriété.

Dans de telles conditions, la moisson est longue à faire, surtout avec les outils primitifs dont elles disposent. Chose curieuse, la faux fut un instant employée à Ouessant. À l’exception de quelques étrangers, venus de la côte et établis