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Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/197

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aussi, le vin du Vesper communiquait un dangereux vertige. Seulement, contre qui assouvir sa mauvaise humeur ?

L’occasion se présenta bientôt. Un entrepreneur du Conquet et un sergent de la coloniale venaient d’entrer. On les avait servis dans une pièce voisine. Mais l’endroit était sans gaîté et, attirés par le bruit, ils s’étaient mêlés aux îliennes. Soley prit ombrage de leurs agaceries.

— Julia, cria-t-il, arrive donc !

Julia se retourna et avança de quelques pas. Sans doute, essayait-on de la retenir car elle ne se hâtait point.

— Julia ! appela-t-il encore.

Alors elle vint. Mais elle était suivie du sous-officier qui marcha vers Soley :

— De quel droit Monsieur prétend-il m’interdire de causer avec...

— Quel droit ?.. nargua Soley. Ah ! c’est embarrassant... sourit-il. N’importe ! Parce que je suis le plus fort.

Et dédaignant la garde, d’une détente du bras gauche, il l’envoya rouler à cinq pas.

Il avait éprouvé une joie bizarre à être brutal. Maintenant, il souhaitait de les voir se mettre à quatre ou cinq contre lui. Mais tout