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Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/204

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Quelle mouche l’a piquée ? se demanda-t-il.

Hélas ! Comme il avait changé en si peu de temps ! Juliana pensait qu’il se détachait d’elle... Et cette conviction d’être abandonnée un jour, commune à toutes les îliennes, et qui abolit toute fidélité, elle la partageait à son tour.


Peu d’heures après, Yanne et Maryvonne Malgorn se rencontraient avec Juliana : un événement sensationnel s’était produit. Des gens du Stiff signalaient l’arrivée d’un grand vapeur, mouillé à l’entrée de la baie de Cadoran.

Elles partirent toutes les trois, empruntant les traverses. Il était six heures du soir. Dès Kermonen, on apercevait le navire dont les premiers feux étaient allumés. C’était la splendeur et la vie dans le domaine de la désolation et de la mort. C’était le progrès, des idées nouvelles. Pour les îliennes, un vaisseau représente toujours quelques miettes de plaisir.

Une centaine d’indigènes s’étaient rassemblés déjà sur la falaise. Des matelots du yacht, le Salvador, venaient de descendre à terre. Ils cherchaient de l’eau de source : on les conduisit à un petit douet parmi les roches. Et puis, un second canot se détacha du bord, et quatre gentlemen porteurs de longues-vues atterrirent. Ils