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Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/214

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Et quand il eut raconté à Lanark ses déceptions conjugales et comment l’ennui l’avait poussé jusqu’à Ouessant, son séjour au Naoulou, et, enfin, ses intentions de reprendre les affaires, le capitaine s’était intéressé surtout à la sauvagesse blanche, à l’îlienne dont l’amour lui semblait appréciable dans ce coin de barbarie métropolitaine.

Après son départ, Soley avait échangé quelques lettres avec Julia. Et puis, les milles et les climats divers avaient affirmé l’inanité des correspondances. Une fois, pourtant, dans un port de l’Amérique du Sud, il avait reçu une carte postale, ornée d’une main de femme qui tendait une gerbe de roses et de pensées. Derrière ces fleurs se détachait un paysage puéril, une île toute rose dans l’azur du ciel ; et c’était signé Julia.

― Ai-je eu tort de la quitter ? demandait Soley, en qui cette conversation avait réveillé tant de souvenirs.

Et il se lança dans une dissertation profonde sur les mécomptes du jugement en matière d’amour. Mais Lanark ne l’écoutait plus, car il n’aimait pas les idées générales. Et quand Soley se fut tu, le très flegmatique capitaine lui répondit, dans son culte d’Anglais pour le home :