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Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/232

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Elles étaient heureuses de voir que ces amis du continent ne dédaignaient pas leurs charmes sauvages et qu’ils semblaient se décider à s’établir ici pour toujours. Alors les vieillards et les mères pensèrent qu’il y aurait beaucoup de mariages dans l’année, puisqu’on se montrait aussi empressé auprès de leurs filles.

Or, vingt et un jours après, trois autres compagnies, amenées par le Bougainville, arrivaient dans cette île étrange et bienheureuse que les récits des premiers débarqués, sur la gentillesse des natives, faisaient entrevoir comme un nouvel éden. Ces derniers venus étaient pleins de résolution virile. On s’en aperçut bientôt. Quelques amies de Louise ayant été visiter les étrangers dans leur camp, certains avaient fait des gestes si impudiques qu’elles avaient compris, malgré leur naïveté, et qu’elles s’en étaient allées, honteuses.


Louise demeura chez elle, insensible à la curiosité. Elle vivait fort retirée, toute à ses travaux champêtres. Parfois seulement, elle rencontrait des soldats dans la lande, quand elle allait sarcler des herbes pour faire sa provision hivernale de combustible. Ils occupaient les différents points de l’île comme un pays