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Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/278

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s’y refuserait, car maintenant que le coup de feu de son amour était passé, il s’estimait un peu honteux de cette femme aux longs cheveux, sur laquelle on s’était retourné, rue Crébillon, et qui n’avait jamais consenti à quitter son costume. Marie n’accepta pas, en effet.

Alors il n’apparut pas de cinq ans dans l’île. Enfin, il n’écrivit plus du tout.

Marie ne s’étonna pas. Car elles sont comme cela des vingtaines, dont les hommes sont partis bourlinguer par les mers, sur le commerce, et qui ne donnent plus de nouvelles par oubli ou par négligence, d’autres fois, pour une raison beaucoup plus simple — plus triste aussi.

Elle travaillait ferme, élevant ses deux enfants dont l’aîné avait atteint treize ans. On la voyait, courageuse, solide et bien en chair, avec cet air de forte viveuse qu’elles ont souvent là-bas, parce que leur vie au grand air, leur indépendance et leur habitude de l’initiative leur donnent l’assurance et presque tous les appétits des hommes.

Mais un jour, Mintier reparut. Il était devenu le second d’un grand cargo et en avait assez de la solitude. La fibre paternelle s’était réveillée en lui. Il s’était souvenu de ses enfants. Pour les obtenir, il fit inviter sa femme, par minis-