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Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/303

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par un temps si calme, demeurait inexplicable. Le jeune homme ne devait guère éclaircir les faits : ses allégations paraissaient devoir établir que Salomé avait fait couler le bateau exprès, ce qui faisait hausser les épaules de tous. Seule, Louise Abgrall, une Ouessantine, adoptait cette version fantaisiste et disait que Salomé avait dû agir ainsi « par vengeance », mais elle ne savait pas en indiquer les motifs.

Au reste, on n’attachait plus guère d’importance à cette affaire déjà vieille d’une semaine. D’autres événements défrayaient les conversations. Guélennec était mort de délire alcoolique ; le père Le Duff, de Cadoran, avait violé sa fille et les gendarmes venaient de l’arrêter sur la dénonciation de la mère de l’enfant. En un mois, on avait compté trois attaques nocturnes ; les hommes, le soleil couché, ne sortaient plus qu’armés de triques. Et, par ordre du commandant de place, cinq débits avaient été consignés à la troupe. Mais ce qui émouvait surtout, c’était l’assassinat du maçon Croguennec, sur lequel les magistrats instructeurs ne parvenaient pas à jeter la lumière. Sa femme et sa fille, âgée de quinze ans, étaient sous les verrous, à Brest, accusées de l’avoir étranglé,