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Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/97

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avaient passé le reste de leur temps en méditations et en causeries graves, interrompues par l’égrènement des rosaires.

Toutes, elles avaient suivi la retraite, même Salomé Thorinn, même Jeanne Poulbrac et Rose Iliou, même celles qui, notoirement, depuis des années, avaient délaissé la Sainte Table. Et celles qui étaient mariées y avaient entraîné leur mari, les maîtresses y avaient conduit leurs amants. Quelques-unes, plus logiques, avaient rompu avec une union illégitime. Et l’on put dire que ces temps furent vraiment une calamité pour les hommes.

Et maintenant que tout était fini, elles demeuraient encore dans une sorte de torpeur séraphique, parlant bas, excluant les pensées légères, les yeux rivés au ciel et songeant à la mort. Elles étaient inlassables, dans les veillées qui reprirent édifiantes et bénies de Dieu comme aux temps disparus, à répéter les histoires étranges et fabuleuses qu’on leur avait servies, où un signe de croix chassait les fantômes nocturnes, aussi bien qu’un voluptueux désir d’amour. Un propos libre les scandalisait. Et quand l’oubli commença de ternir cette blancheur liliale, les plus sanguines cachèrent dans le mensonge leurs premières fautes, comme, en