Page:Say - Œuvres diverses.djvu/163

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ment y auront été conformes aux plus saines notions de la mécanique ; mais il fallait calculer en outre quelle portion de valeur cette puissance de la nature ajoutait au produit qui devait en résulter ; il fallait savoir si cette valeur produite, ne devait pas être excédée par les frais à faire pour attirer des ouvriers dans le voisinage du moteur, pour les instruire, pour les loger ; si le transport des matières premières à l’endroit de la fabrique, celui des produits au lieu de la consommation, ne devaient pas coûter plus qu’on ne pouvait économiser par l’emploi de la force motrice.

Ailleurs, c’est un manufacturier qui, trop confiant dans la connaissance parfaite qu’il a de son art, séduit par des succès qu’il a déjà obtenus, se ruine faute d’avoir apprécié la différence des lieux et des circonstances ; faute d’avoir calculé ce qu’il avait à redouter de la concurrence d’un autre produit ; d’avoir réfléchi sur la population, les usages, les préjugés même des lieux qui devaient lui fournir des consommateurs.

De là une défiance trop bien fondée de la part des capitalistes, lorsqu’il s’agit de faire des avances aux entreprises industrielles ; et quelquefois aussi une confiance exagérée qui n’est pas moins funeste. On ne sait pas assez que l’honnêteté, l’activité, le talent des entrepreneurs, ne sont pas des gages suffisants de succès ; on est séduit par de brillantes mais chimériques espérances ; c’est ainsi que les plus extravagants trouvent un appui et obtiennent la faveur du public ; tandis que des arts recommandables languissent durant des siècles, jusqu’à ce que transportés dans l’étranger v ils y fleurissent, et nous montrent, par leur succès, les moissons de richesses que nous avons négligées.

C’est pour éviter ces inconvénients (autant du moins que l’humaine sagesse peut se flatter d’y réussir), que, dans l’enseignement du Conservatoire des Arts et Métiers, on a joint à l’application de la mécanique et de la chimie aux arts utiles, l’enseignement de l’Économie industrielle.

Le mot Économie est formé de deux mots grecs qui désignent la connaissance des lois qui président aux biens, aux richesses. Les épithètes qu’on joint quelquefois à ce mot, ajoutent peu de chose à sa signification. Ainsi lorsqu’on dit Économie politique, du mot Polis, qui veut dire la cité, l’ensemble des citoyens, la société, on n’entend autre chose que la connaissance des lois qui président aux richesses de la