Page:Say - Œuvres diverses.djvu/191

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nous nous occupons ici, de l’économie politique, qu’on peut nommer aussi économie publique, économie sociale. Toutes ces expressions sont synonymes.

Les lois économiques sont souvent tout à la fois naturelles et positives ou conventionnelles. La science a soin d’avertir sous quels rapports elles participent de l’une ou de l’autre nature.

Nos biens que l’on peut aussi appeler nos richesses, et qui sont l’objet de l’économie politique, nous sont donnés soit par la nature, comme nos facultés naturelles, la santé, la lumière du soleil ; soit par les efforts que nous sommes obligés de faire pour les obtenir, efforts qui, en économie politique, constituent la production.

Cette production a pour principe, pour fondement essentiel, un travail dirigé par l’intelligence, que nous avons nommé industrie. Il nous reste à savoir de quelle façon les biens, les richesses qui sont le fruit de la production, se répartissent dans la société, comment elles y sont consommées, et ce qui résulte de cette consommation. Mais auparavant je vous retracerai en peu de mots la nature des opérations productives, après quoi nous jetterons les yeux sur un tableau général des intérêts sociaux, qui nous aidera à saisir les rapports qui les lient entre eux, c’est-à-dire qui lient les notions que nous avons déjà eues, avec celles qui doivent les suivre.


L’intelligence et le travail ne suffisent pas pour que l’homme obtienne les biens qui contribuent à son existence et à celle de la société. Des instruments sont indispensables pour l’exercice de l’industrie.

Nous avons vu que ces instruments consistent, soit en des capitaux, qui sont de création humaine, soit en des instruments donnés par la nature, et que ces derniers sont tantôt des propriétés, comme les terres, tantôt des biens fournis gratuitement par la nature, et que nul individu, nulle société n’a pu s’approprier exclusivement, comme les vents et les mers.

Voilà les seuls fonds d’où naissent toutes les richesses, les seuls fonds productifs de toutes les richesses.

De ces fonds ceux qui ont des propriétaires reconnus pour tels, par le reste de la société, comme les facultés industrielles, les capitaux, les terres possédées, voilà le fonds de toutes nos fortunes. Les produits qui en sortent, voilà tous nos revenus.

À qui sommes-nous redevables de nos facultés industrielles ? En par-