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Page:Say - Œuvres diverses.djvu/224

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déchargée et paie une amende qui tourne au profit de la réparation des routes.

D’autres dispositions du projet de loi pouvaient encore prévenir la dégradation que je crains de voir s’accroître. Elles pouvaient proscrire, ou du moins décourager, par un droit plus fort, les charrettes à deux roues que je regarde comme une des causes principales du défoncement de nos chemins, en ce qu’elles font porter sur deux points seulement un poids qui pourrait être réparti sur quatre.

C’était une occasion de détruire un préjugé assez général parmi nous, où l’on est convaincu que le tirage est de moitié plus facile quand il y a moitié moins de roues ; tandis que, dans le fait, à égalité de charge, le tirage est à peu près le même, et son incommodité beaucoup plus grande. On dit, ily a moitié moins de frottement ; mais l’on ne songe pas que l’intensité du frottement devient double : de sorte que tout le désavantage d’une voiture à quatre roues, se réduit à l’augmentation qu’ajoute, à son propre poids, un train de devant ; désavantage bien contre-balancé par la commodité du tirage, surtout dans les descentes, et par le soulagement que cette forme procure aux chevaux.

C’est en vain qu’on dirait que l’expérience de plusieurs siècles combat ce principe, que puisque cette méthode des charrettes à deux roues s’est perpétuée parmi nous de charron en charron, il faut bien qu’elle soit la meilleure. Je ne récuserai point cette autorité : je dirai seulement que la mécanique théorique a aussi pour elle l’autorité de l’expérience, et qu’en Angleterre où l’on a, comme on sait, fort approfondi tout ce qui tient au voiturage, on a absolument rejeté l’usage des charrettes à deux roues, et qu’on n’en voit plus depuis longtemps une seule dans ce pays-là.

La facile circulation des hommes et des marchandises est tellement importante pour notre prospérité intérieure, que je ne crains point, Tribuns, d’avoir abusé de vos moments en donnant rapidement mes vues sur cet objet.

Il y a tant de lumières dans le corps chargé par la Constitution de la proposition de nos lois, qu’on devait en attendre des dispositions de ce genre favorables au perfectionnement de notre système administratif. La science ne paraîtra précieuse aux peuples, que par ses applications aux usages civils.

Le gouvernement, dans son projet de loi, a fait disparaître une