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Page:Say - Œuvres diverses.djvu/549

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n’est que la réunion de toutes les richesses particulières. Nos collections fourmillent d’idées ingénieuses qui n’ont point eu de suites, ou n’en ont eu que de funestes ; et nous voyons tous les jours des gens à imagination, savants même dans la mécanique et la chimie, et qui échouent dans toutes leurs entreprises.

Il y a donc quelque chose de plus à apprendre que les meilleurs procédés des arts. Cette chose est de savoir : Comment et en quoi les arts concourent à former les valeurs, qui sont le véritable élément de la richesse. L’entrepreneur de toute espèce de commerce et de manufacture doit être instruit sur ce point, parce que c’est lui qui combine les efforts avec les résultats, les moyens avec le but, les avances avec les produits. Si l’on en voit qui font de bonnes affaires sans instruction, c’est qu’ils suivent, par routine, une bonne direction ; mais il est toujours plus sûr de savoir pourquoi cette direction est la bonne. Or c’est ce que l’Économie politique enseigne ; je dis l’Économie politique de la nouvelle école, l’Économie politique expérimentale. La partie systématique de la science n’est que dans les conséquences qu’on tire des faits ; la partie essentielle est la connaissance des faits eux-mêmes, de la manière dont les choses se passent. On peut raisonner à perte de vue, et disputer sur leurs conséquences, sur la balance du commerce, sur l’influence des divers impôts, et d’autres questions de ce genre ; mais depuis qu’en Angleterre, en Allemagne, en France, on a fondé l’Économie politique sur l’observation des faits qui arrivent journellement, on est d’accord sur les bases essentielles ; tous les écrivains qui tiennent le premier rang dans cette science, conviennent maintenant, par exemple, que l’or et l’argent ne sont pas les seules valeurs ; que la richesse se forme et se détruit ; on sait dans quel but et sous combien de formes on emploie les capitaux dans l’acte de la production, etc., etc. Et ceux qui ignoreraient qu’on a maintenant une grande quantité de notions positives sur ces matières, ne sont réellement pas au courant des connaissances du siècle.

C’est faute d’avoir employé ces notions à diriger la pratique, que l’on voit en France, peut-être plus qu’ailleurs, tant d’empressement à se livrer à des entreprises qui ne peuvent pas avoir du succès, et à repousser des procédés qui vont ensuite enrichir l’étranger. On s’enthousiasme pour un projet avant d’avoir fait entrer dans ses calculs tous les éléments qui devraient s’y trouver ; sur un aperçu vague et incomplet, on hasarde sa fortune et celle de sa famille ; on dépense beaucoup