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Page:Say - Catéchisme d’économie politique.djvu/167

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CHAP. XXVI. — DES CONSOMMATIONS PRIVÉES.

personnes qui ont peu de fortune. Un seul cuisinier prépare le dîner de dix personnes comme celui d’une seule ; le même foyer devant lequel rôtit une pièce de viande, pourrait en rôtir quatre. Avec les mêmes frais, on peut donc être mieux traité si l’on vit avec d’autres hommes, que vivant isolé.

Quelles sont les consommations que vous regardez comme les plus mal entendues ?

Ce sont celles qui procurent du chagrin ou des malheurs au lieu de satisfaction. Tels sont les excès de l’intempérance ; telles sont les dépenses qui provoquent le mépris ou les vengeances.

Pourquoi a-t-on fait de l’économie une vertu ?

Parce qu’il faut avoir un certain empire sur soi-même pour résister à l’attrait d’une consommation présente, en faveur d’une consommation future dont les avantages, quoique plus grands en réalité, sont éloignés, sont vagues, et ne frappent pas les sens.

Quelle est la qualité morale qui se manifeste le plus dans l’économie ?

C’est le jugement. Il est indispensable pour apprécier l’importance des diverses consommations, et surtout de celles que pourront réclamer les besoins futurs, toujours plus ou moins incertains.