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Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/360

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sens vulgaire du mot. La santé aussi est une richesse, puisqu’elle fait partie de nos biens ; et cependant nous ferions rire le vulgaire, si nous disions qu’un homme est riche parce qu’il est bien portant, parce qu’il jouit d’un fonds inépuisable de bonne santé.

Voilà pourquoi je me suis vu obligé de distinguer deux sortes de richesses totalement différentes entre elles : les richesses naturelles et les richesses sociales ; les premières, purement personnelles ; et les autres n’ayant d’existence que dans la société et par la société, pouvant seules être soumises à des lois générales et devenir l’objet d’une science. Et si des esprits chicaneurs m’opposaient que la hutte et le parasol de Robinson Crusoë ne trouvent aucune place dans ma description des faits, je répondrais que les ustensiles d’un homme privé de toute société sont des richesses naturelles, puisqu’elles sont le fruit de ses facultés naturelles, et que ces richesses deviennent des richesses sociales quand la société, une fois formée, leur donne une valeur d’échange ; de même que les terres cultivables, qui sont des richesses naturelles pour l’homme isolé, deviennent des richesses sociales du moment que la société y ajoute un prix.

Du reste, vous pensez bien que j’approuve