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Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/428

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morales et politiques n’était pas à l’usage des publicistes de l’antiquité, que les modernes ont trop long-temps pris pour modèles.

Plusieurs des admirables préceptes de morale que nous ont laissés Socrate, Épictète, et quelques autres moralistes anciens, ne sont pas applicables, faute par eux d’avoir assez bien connu la nature de l’homme et des choses. Il est arrivé même que des préceptes incompatibles avec la nature des choses sociales, et qui se sont glissés dans les Saintes Écritures, ont prêté des armes aux incrédules. Il est constant, par exemple, que nulle société civile ne pourrait subsister sans l’accumulation des capitaux, qui sont les fruits du travail et les instrumens de l’industrie ; c’est prêcher la dissolution, que de dire : « Voyez les oiseaux du ciel, ils ne sèment point, ils ne moissonnent point, ils n’amassent rien dans des greniers ; mais votre père céleste les nourrit… Pourquoi aussi vous inquiétez-vous pour le vêtement ? considérez les lis des champs, ils ne travaillent ni ne filent ; et cependant Salomon, dans toute sa gloire, n’a jamais été vêtu comme l’un d’eux. Ne vous inquiétez donc point, en disant : que mangerons-nous, que boirons nous, de quoi serons-nous vêtus, comme font les païens, qui recherchent toutes