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Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/462

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que chaque homme ayant autant de droits qu’un autre de donner son sentiment pour règle des sentimens de tous, il n’y aurait plus de règle de la convenance des actions. Comme l’absurdité de ce principe mis à nu est manifeste, on ne dit jamais ouvertement : Sans que je me donne la peine de raisonner avec vous, je veux que vous pensiez comme moi ; chacun se révolterait contre une prétention si folle. On a recours à diverses inventions pour la déguiser ; on voile ce despotisme sous quelque phrase insidieuse. Tel homme vous dit qu’il a en lui quelque chose qui lui fait distinguer ce qui est bien de ce qui est mal, une conscience, un sens moral ; ensuite travaillant a son aise, il décide que telle chose est bien, telle autre est mal ; pourquoi ? Parce que le sens moral me le dit ainsi, parce que ma conscience l’approuve ou la désapprouve ; comme si Ravaillac ne disait pas aussi que sa conscience lui commandait d’assassiner Henri IV, l’ami le plus sincère qu’ait eu le peuple français !

Un autre, par-delà le Rhin, vous dit qu’il faut imiter le type du beau moral, et ce type, c’est lui qui vous le donne.

Un autre vous vante les charmes de l’unité ; un autre, l’absolu. Celui ci défend l’opinion