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Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/79

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d’où résulterait l’abandon de leur culture ; 3o j’appuyai sur les bornes invincibles des moyens de payer, tellement que, dans l’impossibilité de faire dépenser à aucun homme un seul écu de plus qu’il n’a, le consommateur n’a d’autre ressource que de consommer moins. J’ajoutai que l’opération serait désagréable à nos commettans d’un bout de la France à l’autre ; que partout on avait brisé les barrières des villes ; et je finis en déplorant mon sort d’avoir été forcé, par le décret impérieux de l’assemblée, de prodiguer mon temps et mes efforts contre mon opinion formelle et déclarée pour une opération contraire à mes principes, à mes lumières, à mon devoir, au vôtre, messieurs… Mes derniers mots furent : Je vous ai donné plus que ma vie !

J’étais vivement ému ; je versais de grosses larmes : mon émotion gagna mes collègues de tous les partis. Presque unanimement ils me défendirent de lire le projet, et abandonnèrent leur entreprise. — Jugez de ma joie ! — Si j’ai eu des peines de toutes les couleurs et de toutes les intensités, elles ont été compensées par des plaisirs de toutes les espèces et de tous les degrés. J’en ai vécu… J’en vis encore, Say, au milieu des tempêtes, du mal de mer, de la fuite si odieuse à mon courage, de l’exil si pénible