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Page:Say - Olbie.djvu/100

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l’homme connaissait toujours ses véritables intérêts ; mais il les sacrifie souvent, soit à ses passions, soit à des opinions fausses et même ridicules, comme ces Indiens qui, pour gagner le paradis, se précipitent sous les roues du char du grand Lama ; ou ces pieux cénobites qui, pour une cause pareille, usent leurs jours dans le jeûne et les macérations.

Enfin l’homme qui sacrifie un bien solide et durable à un plaisir passager, n’est pas mieux éclairé sur ses vrais intérêts. Montesquieu a dit : « Lorsque les sauvages du Canada veulent avoir les fruits d’un arbre, ils coupent l’arbre par le pied, et le renversent ; voilà le despotisme ». Montesquieu aurait pu dire avec la même justesse : Voilà le vice.



Il n’est pas de religion qui ne menace le pécheur de punitions effrayantes, qui ne promette des récompenses magnifiques à l’homme de bien. Que sont cependant ces nations si bien endoctrinées ? En est-il une seule où l’homme ambitieux n’ait pas écrasé ses rivaux, où la vengeance n’ait pas exercé ses fureurs, où l’amour du lucre n’ait pas