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Page:Say - Olbie.djvu/113

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où il a complettement dominé, l’homme était triste, morne, hébêté : le passé ne lui offrait que des regrets, le présent que des entraves, l’avenir que des craintes. Comparez les statues des Grecs avec les statues du moyen âge : beauté de l’art à part, vous appercevrez en général la sérénité du bonheur, la tranquillité de l’ame empreintes dans les premières ; et dans les autres, vous verrez toujours la sombre tristesse de gens farouches, dominés pas la terreur, et bourrelés par leur conscience.

Que si l’on cite des exemples qui prouvent que les religions aient produit un bien incontestable, il n’en résultera autre chose, sinon que c’est un mauvais moyen qui a pu réussir quelquefois, mais qui n’est pas moins accompagné des plus grands dangers.

Si l’on se retranche dans quelques principes religieux, et qu’on abandonne tout le reste, comme l’intervention divine, les prêtres et ce qui s’en suit, alors on se borne à embrasser un système philosophique, tel que celui de Socrate, sur l’existence de Dieu et l’immortalité de Famé, celui de Zenon, ou bien celui d’Épicure ; mais cela même est de la philosophie.

Au surplus, le danger des superstitions fût-il plus grand encore, il ne faut jamais tenter de les renverser par l’intolérance et la persécution. D’abord, parce que la persécution est elle-même un mal et un mal affreux, outre qu’elle attaque