Aller au contenu

Page:Say - Olbie.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne s’étendant point en raison directe de l’augmentation de sa fortune, le superflu augmente dans une proportion progressive, à mesure que la fortune s’accroît. Or l’impôt doit être en raison directe du superflu seulement ; car le nécessaire, c’est-à-dire cette portion de revenu sans laquelle on ne peut vivre, ne saurait être taxé ; autrement la taxe serait un arrêt de mort.

Pour parvenir au même but, on a dit : distrayez d’un revenu ce que vous croyez nécessaire pour vivre, d’accord ; et imposez le reste sans progression. Mais, dans l’état de civilisation, il est impossible d’établir le taux du nécessaire. Le nécessaire se fond en nuance imperceptible dans le superflu ; et ce sont précisément les dégradations de cette nuance qu’atteint équitablement une contribution progressive bien conçue, c’est-à-dire une contribution qui n’absorbe jamais qu’une portion modérée de l’augmentation du revenu.

Elle est encore équitable par cette raison, que dans l’état de civilisation, l’augmentation de revenu est d’autant plus difficile, que le revenu est moindre. Suivant un dicton populaire, les premiers cent écus sont plus durs à gagner que les derniers cent mille francs ; c’est-à-dire que, lorsqu’on est parvenu à un certain degré de fortune, la facilité de gagner est augmentée dans la proportion de 333 à 1. Je suis loin de vouloir que la progression de l’impôt augmente dans