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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/115

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AXCIF.NNK — 101 — COLONISATION A.NCIKNNK


d’aulres formes, inrj, ikm, iwr/cn. I,.i foriiu! (/(’/ isi une des plus ordinaires chez iinop.irtie (les Aii^lo-Saxons, et Kemiile considère comme caractéiislique ([iie celte forme existe sur la cAte, où il suppose qu’elle désigne la famille et le clan, et que plus à l’intr-rieur elle >’additionne de liant ou de Ion (ColdiM^, Coldini ;liam, etc.). Le territoire qui, en France avoisine Houlognc et Calais a été couvert, depuis la même période de colonisation, de inç/enhcms, ini/hens.

Ces désinences, ingoûicim, highens, se re- trouvent aussi fréquemment dans les districts de Belgique, où plusieurs peuples se sont rencontrés. On croit qu’elles désignaient surtout le principal centre d’habitation. On retrouve ces désinences sous la forme ijhen, dansles Flandres occidentales, où elles signa- leraient la présence d’une colonisation franque, tandis que les terminaisons emet/tc/»/ seraient d’indice d’une colonisation saxonne. Dans une région française voisine, les termi- naisons thun, tiaine, sont considérées comme étant d’origine saxonne.

On a remarqué l’identité des noms ter- minés en iug, dans les colonies alamanes et en Angleterre, par exemple. Les mêmes noms se retrouvent cependant aussi danslc Jutland danois. On suppose que lesJulhungs, la tribu la plus puissante des Alamans, qui ont colo- nisé en Alsace (Alisaz, le pays des étrangers), sont aussi venus du nord de l’Allemagne. Lorsqu’on veut déduire spécialement de cette forme de ing qu’elle désigne un village qui a eu pour origine l’habitation d’une seule fa- mille, la conclusion n’est guère fondée. La terminaison ing signifie encore dans le Nord  : ce qui appartient à quelque chose, à un certain pays, par exemple, le Falstring, le Fœring, l’homme de File de Falster ou des lies des Fœroi-.

Souvent, on i)eut tirer des conclusions de l’union d’un nom personnel teutonique avec certaines terminaisons, en France, par exem- ple, les mots romains de villa, curtis, mo?î.s, vallis. Si Fon consulte les cartulaires des an- ciens monastères, on trouve des groupes nombreux de noms composés de cette ma- nière entre le Doubs et la Saône, sur la rive droite de la Meuse, dans la direction de la Marne i-t jusqu’à la Seine et en Sologne. On trouve en Normandie une quantité de noms de guerriers danois, suivis du mot ville, qui datent de l’époque des invasions normandes. Fne grande partie de ces noms se retrouvent, suivis du mot dys dans la partie danoise de l’Angleterre qui a été conquise la jjrcmière, à cette même époque d’invasions  ; on pourrait •citer plus de mille exemples de ces noms ter- . minés en 6?/*". Les recheichesprouventijresque


toujours ((u’ils ont ]iour origine un nom jjer- sonnol, comme («-n Normandie) les noms ter- minés en ville. Certes, il y a parfois des ex- ceptions curieuses, ainsi lorsque les colons Scandinaves du Cumberland transformèrent Aballala, nom d’une («donie formée pai- une légion romaine de .NLiures ou d’Asiatiques, en Appleljy, ville de pommes. Plus loin, dans Fintérieur, dans le Northampton et le Nottinghamshire, par exemple, que les Nor- mands ont conquis plus tard et où ils n’ont pas, sans doute, dans la même mesure, mas- sacré ou chassé les Anglo-Saxons, les noms de lieux, qui sont formés à Faide des mêmes noms danois, se terminent par le ton anglais. En Danemark, ce ne sont pas les anciens villages, les b>js, que Fon adjoint le plus souvent à ces noms personnels  ; là, ce sont les torpx, qui sont des établissements plus jeunes.

Plusieurs formes de noms de lieux sont un signe qui permet de reconnaître les périodes de colonisation. C’est surtout à l’époque des colonisations ultérieures que beaucoup de noms de lieux commencent à être formés par des noms personnels. Mais les terminai- sons sont aussi d’une indication précieuse pour déterminer ces périodes. Nous avons déjà mentionné la grande quantité de termi- naisons en villarc, weiller, icyl, qui sont em- ployées surtout pour désigner de petits vil- lages élablis par des chefs particuliers ou par l’église. De même que les nombreux torp danois et tous les noms qui en dérivent sont la marque d’établissements plus récents, de même, il y a, pour des époques plus mo- dernes, dans les forêts suédoises, un grand nombre de bodaf  ;, dans les montagnes norvé- giennes, des selcrs, enfin des sù/fs dans le Cumberland et Westmoreland anglais. On compte plusieurs périodes d’expansion et on en trouve, en partie, la trace dans les noms. On a commencé à pénétrer dans les monta- gnes dès le vi^ siècle  ; une seconde période d’expansion a eu lieu sous les Carolingiens aux vui*^ et ix’= siècles. A cette époque, il exis- tait déjà en Allemagne des noms qui se ter- minent en hof’cn, hausen, heiisen (de ferme, maison) ou qui manifestent d’une manière absolue le défrichement comme ceux termi- nant en roden. Du ix’’ au x<= siècle, le défri- chement continue, par la création de fermes isolées, dans les forêts de FAllemairne cen- trale, le Spessart, la forêt franconienne, dans les Ardennes, dans le Soon, dans le Hagenau. Ces dernières grandes forêts ont été réservées comme forêts royales, et il a été interdit au peuple d’en user librement. C’est surtout à partir de la dernière moitié du xi’= siècle jusqu’à la fin du xiv^ siècle que


COLOMSATIU.