Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/119

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N ANCIKNM  : — KKi

gromadas ou hromadas  ; mais, même là où elles se sont développées en villages, ce n’étaient point des mirs  ; chacun des habitants avait son liroit individuel. Il n’est pas non plus probable (|ir(’ik’s aient donné naissance aux anciens ^’lands villages russes  ; on constate au contraire, comme M. Maxime Kovab-wski l’a fait pour le Caucase, cette forino des coniniuiiaul’’’s comme une forme primitive à ctité des villages et d’autres formes iirimi- tives.

Oue la commuiianti’’ du mir soit l’ancienne forme de propriété de la race, c’est sans doute une pure fantaisie. Au contraire, la Petite-Russie, avec la tialicie et la l’ologne, le berceau de la race, avait des fermes sé- jjarées qu’on voyait encore dans le dernier siècle jusqu’à Orcl , qui se trouve aux trois cin- quièmes de la route de Kief à Moscou. D’au- tre part, il n’y a pourtant pas non plus de raison suflisante pour croire que la forme des communautés des familles ait été dans l’ancien temps universelle. Le vieil historien Nestor parle, dans le xu"^ siècle, des ménages, des «feux » séparés ("giiiKzcze) qui existaient chez certains peuitles à l’arrivée des princes Scandinaves de la famille des Murik, mais les raisons que l’on en peut iléduire s’ap- l)liquent aussi bien à des fermes séparées qu’à des communautés de villages. Ces princes varegs distribuèrent des terres à leurs compa- gnons, la Drusjina, et déjà le code de lois de Jaroslaf, Prawda Ruskrja (i0.ïO environ) distingue des terres « blanches » appar- tenant aux princes, à la Urusjina et bientôt aussi à riiglise, et des terres « noires » appar- tenant au peuple et payant des impôts. Mais il n’y a, dans ce code, aucune trace ni du ser- vage ou d’une autre dépendance personnelle ni de la communauté du « mir». Les Varegs ne connaissaient que la liberté iiersonnelle telle iju’elle existait en Suèile. Us ont probable- ment praliijué l’établissement en villages chez les Russes et chez les Polonais, si réellement ce sont ces forts guerriers qui ont aussi organisé la première société polo- naise, comme le croient aujourd’hui beaucoup desavants. Des savants allemands paraissent supposer que l’établissement des Slaves en villages ne leur a été entièrement enseigné que plus tard par les Allemands. Il est ce- liendaiit impossible que tous ces peuples, qui ont vécu, ea grande parties dans les auèmes conditions que les anciens Teutons, ne se soient pas aussi établis de la même manière, si naturelle chez les nomades qui se traub-forment en cultivateurs sédentaires. Lorsque les Allemands reconquirent l’est de l’Allemagne sur les Slaves, ils trouvèrent partout de grands villages  ; avant d’arriver


CO LO MS AT ION A N t  : Il  ; N N K

au neuve de l’Oder, c’était surtout de grands villages construits en forme de cercle pour la défense, ainsi fpi’on en trouve aussi en Rohéme et en .Moravie  ; plus à l’est, dominait surtout la forme oblongue, les fermes étant situées le long des routi ;s. Il t-st vrai que des tribus leutoniques ont été dans ces pays avant l’arrivée des Slaves, venus à la suite d’Attila, aux v«, vi« et vii« siècles. Mais rien n’indique qu’ils n’aient pas eu eux-mêmes la coutume de s’établir en villages, et sur- tout, il n’est guère probable que cette cou- tume ne se soit pas développée spontanément dans l’intérieur de la Russie. Ceiiendant, comme nous l’avons dit, rien n’indique non plus que le communisme du mir ait été la forme originaire des villages. Il est curieux que la part à laquelle chacun avait droit sur les terres de la commune porte encore l’ancien nom Scandinave qui désigne l’ancienne pro- priété indépendante, odel  ; r<dc/, en Russie  ; udal dans les Orcades d’origine norvégienne  ; cthel, dans l’ancien anglo-saxon. Comme dans la Scandinavie, la coutume a été en Russie de former de nouveaux groupes, des de- reiiti, issus de l’ancien village, le selo ou tselo {domus), le sal dans les anciennes lan- gues teutoniques. Lesmeilleurs auteurs trou- vent, quand ils étudient les temps anciens, que les communautés de propriété ont surtout existé dans les grandes agglomérations, les tribus ou les gentcs, ce qu’on appelle en Russie volosls ou districts, réunissant un cer- tain nombre de villages. Les anciennes divi- sions des Slaves qui répondent aux gau en Allemagne, aux f’olldands en Suède, aux Fijlkur en Norvège, aux shires en Angleterre, avaient une étendue le plus souvent de iiO à 100 milles géographiques carrés. La tribu était divisée en ce que les anciens auteurs allemands qui parlent des Slaves appellent cuitatcs, d’une étendue semblable à celles des centaines dans les pavs teutoniques, con- tenant chacune 10,000 à 50.000 habitants, et chacun de ces districts possédait toujours une place forte qui pouvait servir de refuge à la population.

Nous ne trouvons aucune trace du mir avant le développement du servage et le système des lourdes impositions sur les indi- vidus, qui nécessitent aussi une part de pos- session donnée à ceux qui doivent les suppor- ter. Mais il faut admettre que le mir, comme aussi la communauté familiale, est, d’autre part, une conséquence naturelle du génie général du peuple peu individu ;iliste, qui a un évident besoin d’un joug autoritaire et qui tend lui-même à le subir  ; tendance que l’on retrouve dans les associations remar- quables des ouvriers, les urttls. Même dans


CULUMSATIU.