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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/122

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ANCIENNE


108 — COLONISATION ANCIENNE


dant des modes de colonisation que l’on est forcé d’attribuer aux populations slaves.

Dans ces pays, il existe partout de grands villages dont la forme difTt’re absoluuKMit du pèle-mèle que nous avons signalé dans le village teutonique. Dans la région comprise entre l’ancienne Allemagnect l’Oder, le Neisse et la Moldau, ainsi que dans le Holstein orien- tal, c’est-à-dire chez les V’agriens, les Vendes et les Sorbes, les villages d’origine slave sont de forme ronde, ou disposés en fer à cheval. Il n’y a qu’une seule entrée, pour les hommes et pour les bêtes. Autour d’une place centrale, fermes, jardins, groupes d’arbres et champs s’étendent en forme d’éventail. Sur la rive droite de l’Oder, la forme des villages est or- dinairement oblongue  ; les fermes sont situées le long d’une route. C’est la règle en Russie, où l’on rencontre cependant aussi, dans cer- taines régions, la forme ronde  ; mais, tandis qu’en Russie les terres sont maintenant cultivées en longues bandes, comme dans les villages teutoniques, les champs des anciens slaves du nord de l’Allemagne étaient plutôt carrés. On explique cette diiïérence par l’em- ploi de la charrue en forme de bêche, iincini, araire, au lieu de Varatnnn dont se servaient les Allemands  ; phiumoratum, comme l’ap- pellent les Romains (évidemment le même mot que le ploïKj ou plough des Scandinaves et des Anglais, pfluy des Allemands) quand ils la rencontrent dans le nord de l’Italie, chez les Rhètes. Cet emploi de la charrue en forme de bêche nécessite, en effet, un double labour, dans les deux sens, et non un seul labour, dans un seul sens, comme Varatrum qui retourne pleinement le sol. Ces deux usages divergents créèrent, dès le commen- cement de la colonisation, une did’érence cu- rieuse entre les villages que conservaient les Slaves et ceux que les Allemands établirent comme villages nouveaux.

Une exception au système du village a lieu dans l’île de Rugcn. Elle fut conquise d’abord par les Danois et devint à l’époque moderne dépendance suédoise  ; mais les Scandinaves n’y colonisèrent pas. Elle paraît, comme la Lithuanie, avoir eu toujours des fermes sé- parées.

L’assujettissement etla colonisation se sont faits de manière diiïérente. Les Slaves de la Franconie, sur le Regnitz, dans la région de Ratisbonne, etc., subjugués de 800 à S.ïO, gar- dèrent leurs terres, avec leur ancienne distri- bution. En dehors de la haute Franconie, on trouve intact l’ancien système slave dans les régions de la Lusace et de la Bohême. Les Slaves de la haute Saxe, jusqu’à l’Elbe, les Sorbes etles Vendes subjugués de 850 à 1000, ainsi que, après 1150, le petit peuple des


Vendes dans le Hanovre actuel, furent d’autre part réduits au servage et forcés d’adopter le système de village teutonique àgi\iiids champs communs. Là aussi, la situation didère cepen- dant selon le caractèr-e de la con(}uéte, selon que les Slaves sontrestés ou ont été chassés. Henri le Lion, .\lbert l’Ours et Adolphe de Schaumbourg conquirent, le ]iremicrle Meck- lemboui’g, le second le Rrandebourg, le troi- sième la Vagrie ou le Holstein oriental actuel. Les princes, les nobles et le clergé, qui diri- geaient la colonisation, appelèrent le plus souvent des colons allemands sur des fermes installées de la même manière que dans leur ancien pays, et de la population slave ils firent des serfs qui devaient cultiver les fermes do- maniales. A l’époque des luttes acharnées qui se sont produites sur les frontières, la classe supérieui-e des Slaves, dans le nord de l’Alle- magne, a été anéantie  ; et ceux qui jouis- saient d’une situation élevéeparmi le peuple, comme les snpan’i (chefs des grandes familles ou des villages) et les ivithasii (écuyers), furent en tout cas transformés en paysans dépendants. Plus tard et plus vers l’Est, les circonstances ont été totalement difTérentes. Ce sont les princes et les nobles slaves qui appelèi’ent et établirent des colons allemands, et les paysans slaves descendir-ent à une con- dition relativement plus basse ou se retirèrent dans d’autres contrées qui demeuraient slaves (le Pommerellen et la haute Lusace, par exemple). La Pologne s’était donnée au pape en 1000 et des évèchés s’étaient établis à Guesen, Rreslau et Colberg, comme il s’en était déjà établi antéineurement dans lespays slaves de l’Ouest. Dar.s le xi’= siècle, l’église et les monastères étaient les grandes sources décolonisation. Les Prémontrés et les Cister- ciens déployaient une grande activité. Eu Silésie, il y avait déjà des colons allemands en 990, des i\7cmct (étrangers. Allemands). On y trouvait même des Augustins de l’Artois. Au xii= et au xiu« siècle, un gr’and nombr’e de colonies sont créées par des entrepreneurs qui établissent des villages entiers où ils reçoivent souvent eux-mêmes quelques fer- miers, et où ils exercent désormais la fonc- tion de baillis, Schidtzcn.

Les paysans weslphaliens coloinsèrent sur- tout les r’égions voisines de la mer fialtique. Le ih’andebourg recevait des colons hollan- dais et flamands, spécialement de laSeelande hollandaise et des contrées rhénanes. Des paysans saxons s’élablirent aussi en Brande- bourg, ainsi qu’en Mecklembourg el enPomé- ranie  ; des Thuringiens et des Franconiens, dans le Meissen, la Lusace, la Silésie et le nord de la Bohême  ; des Bavarois, dans le sud de la Bohème, dans la Moravie et dans le Salz-


Col.