Aller au contenu

Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nobles quarante roubles par tète de serf au taux de p. 100 d’intérêt et 3 p. 100 d’amortissement.

A côté de cette banque de la noblesse, le gouvernement a établi une banque spécialement destinée à faciliter le crédit aux paysans.

On fonda en 1825, en Pologne, un crédit foncier provincial qui fonctionne encore.

En 1841, la noblesse du gouvernement de Nijni-Novgorod fonda une banque foncière à son profit.

En 1864, le gouvernement sanctionna les statuts d’une banque foncière dont les opérations étaient limitées à la province de Kherson. Mais ce n’est qu’en 1871 que fut établie la première banque véritable dont il existe aujourd’hui une dizaine dans le pays.

Yves Guyot.


D


DARU (Pierre-Antoine-Noël-Bruno, comte), né à Montpellier le 12 janvier 1767, mort à Meulan le 3 septembre 1829.

Daru était le fils d’un intendant militaire, qui le fit nommer à seize ans sous-lieutenant  ; mais le jeune homme donna bientôt sa démission pour entrer dans l’administration de l’armée. Il était commissaire des guerres, lorsque éclata la Révolution, et fit en cette qualité la campagne de 1792. Comme beaucoup de ses collègues, il eut tantôt la faveur, tantôt l’inimitié du gouvernement révolutionnaire. Incarcéré sous la Terreur, et sur le point d’être guillotiné, il échappa à l’échafaud pour être nommé chef de division au ministère de la guerre en l’an IV et secrétaire général en 1799. Napoléon qui l’avait apprécié à l’armée du Rhin se l’attacha étroitement en l’appelant successivement aux plus hautes fonctions  : tribun en l’an X, conseiller d’État, comte, intendant général de sa maison et enfin ministre. C’est de lui qu’il disait qu’il joignait le travail du bœuf au courage du lion.

La Restauration ne lui tint pas longtemps rancune de ses opinions impérialistes et en 1819 le créa pair de France.

C’était aussi un lettré fin et distingué, qui traduisait Horace dans sa prison pour se préparer à l’échafaud  ; il composa de charmants contes, des livres d’histoire et de statistique, qui lui valurent son élection à l’Institut en 1816.

Mais son grand mérite, c’est d’avoir été un financier intègre et clairvoyant, lorsqu’il administrait le Trésor de la Guerre avec une rigueur pour faire rentrer les deniers publics dans ses caisses, comme dit Las Cases, qui n’avait d’égale que son scrupule à en rendre compte  ; et l’on sait quelle fut l’importance de ce service à cette époque où nos armées rayonnaient sur tous les points du continent, où nous prélevions des contributions et taxes de guerre sur l’Autriche et sur l’Espagne, où la Pologne, pour subvenir aux besoins de la Grande-Armée faisait venir des millions de la Hollande et de l’Italie.

C’est Daru qui organisa toute la campagne de Russie, qui administra, avec sa sévérité habituelle, les finances de la Confédération germanique •,aussi, lors de l’invasion, eut-on toutes les peines à empêcher Rlùcher de brûler son château de Meulan. En temps de paix il s’occupait beaucoup d’économie politique, et maints des discours qu’il prononça dans les diverses assemblées dont il fut membre, laissent voir ses aperçus en cette matière.

Un cntr’autres, sur les monnaies, mérite d’être étudié, par ce qu’il nous expose clairement la situation monétaire à cette époque, d’où la nôtre découle immédiatement. Il s’agissait de donner une plus grande stabilité à notre système financier si éprouvé par la Révolution, en réglant le cours des monnaies pour quelques années au moins, pensait-on  ; en réalité la législation préconisée par Daru a persisté intégralement jusqu’en 1876 et subsiste encore en majeure partie.

Beaucoup de financiers et d’économistes de ce temps demandaient déjà le système du monométallisme, se basant sur ce principe que de même qu’il y a un étalon unique pour les poids et les mesures, de même il ne doit y en avoir qu’un pour les valeurs, comme cela avait existé de tous temps dans les principaux centres financiers, Hambourg, Venise, Gênes, etc. Cette donnée admise, le métal type ne pouvait être que l’argent, comme dans ces villes commerçantes, et du reste le seul métal précieux répandu en France  : de plus, on faisait pièce à l’Angleterre, qui, sur les conseils de Lord Liverpool, venait d’adopter le monométallisme-or.

Daru ne partageait pas cette opinion  ; il commence son rapport par une courte mais excellente histoire de la monnaie, montrant