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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/210

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LESLIE


comme prix de celui qui les occupera le premier. C’est là qu’on pourrait d’une cons- cience tranquille récolter une gloire immor- telle, l’applaudissement de l’univers, une vic- toire certaine et d’inexprimables richesses. » Leibnitz est donc encore un des premiers promoteurs d’une politique de pacitication en Europe et d’expansion colonisatrice dans les régions lointaines et barbares.

E. Caste LOT.

Bibliographie-

RoscHEB, Geischichte der Xat. Ork. in Deiitschlaml, p. 329-340.

LESLIE (Thomas Edouard Cliiïe), l’un des économistes anglais contemporains les plus remarquables, naquiten 1827 dans le comté de \Vexford en Irlande. A l’Université de Dublin, il eut pour condisciple J.-E. Cairnes, autre futur économiste éminent, passa ses examens de la façon la plus brillante et se fit inscrire au barreau anglais. Sa nomination comme professeur de jurisprudence et d’éco- nomie politique à Queen"s Collège, Belfast, détermina le cours de sa carrière.

Sous l’influence de sir Henry Summer Maine, dont il avait suivi les cours, Leslie s’attacha à considérer les problèmes légis- latifs et économiques au point de vue histo- rique et persévéra jusqu’au bout dans cette attitude. Il se fit d’abord connaître par plusieurs essais publiés dans des revues sur les questions économiques et sociales de l’époque. En sa qualité d’Irlandais, il se sentait invinciblement attiré vers l’étude des divers régimes de la propriété du sol et la poussa à fond, non seulement pour le Royaume-Uni, mais encore pour la France, laBelgiqueet l’Allemagne. Ses investigations aboutirent à une série d’essais qu’en 1870 il rassembla en un volume sous le titre de Land Systems and industrial economy of Ire- land, Englandand Continental Countries. C’est un ouvrage de premier ordre, qui se dis- tingue par une critique pénétrante du sys- tème anglais de la propriété foncière  ; il oppose victorieusement la valeur économique du régime continental de petite propriété et de petite culture, aux préjugés contraires dominant en Angleterre.

Les effets des découvertes des mines d’or et la méthode propre à la science économique attirèrent également son attention et lui ins- pirèrent, en raison de ses habitudes, une série d’articles réunis en 1879 avec quelques autres sous le titre d’Essais de philosophie politique et morale  ; la seconde édition de 1888 a été re- maniée. La perte de lapartie achevée de son manuscrit l’empêcha de faire paraître son grand ouvrage sur l’histoire économique de


l’Angleterre dont il avait depuis longtemps conçu le plan, et qu’il avait commencé â écrire.

Écrivain, professeur et examinateur pour les sciences économiques dans les gran- des écoles britanniques , il se signala encore par ses excellents comptes rendus d’ouvrages économiques  : constamment im- partial, même envers ses adversaires, il ne manquait jamais d’exciter ses lecteurs à réfléchir et à penser par eux-mêmes.

Il est mort le 27 janvier 1882 à Belfast, pendant le cours de son enseignement annuel. Ses œuvres peuvent se ranger en deux caté- gories  : celles qui traitent de questions de méthode économique, et celles qui sont con- sacrées à élucider des problèmes économi- ques spéciaux. Les premières sont remar- quables par leur puissance critique, car il a mis incontestablement le doigt sur plusieurs côtés faibles des doctrines anciennes ou or- thodoxes et a rendu à la science de véritables services en insistant sur la nécessité d’ap- pliquer aux déductions abstraites, comme une pierre de touche, l’observation et les vérifica- tions historiques. Cependant il semble être allé trop loin quand il a condamné les rai- sonnements déductifset qu’il a proscrit l’em- ploi d’expressions abstraites pour lesquelles il avait de l’aversion, comme celle de désir de la richesse [the désire for weallh). En Angle- terre, son influence s’est plutôt fait sentir dans le sens de la revision des méthodes anciennes que dans celui de l’acceptation de méthodes nouvelles.

Nous avons parlé de ses essais d’économie rurale, mais il nous faut aussi mentionner sa critique de la théorie du fonds des salaires. Leslie a très clairement démontré que cette théorie, qui n’a été adoptée d’une manière absolue qu’en Angleterre, ne tient pas compte de quelques-uns des côtés essentiels du pro- blème à résoudre et n’a en somme d’autre mérite que de fournir l’expression statistique d’un rapport des plus complexes.

Ses études sur les effets produits par l’augmentation de la production des mines et des dépôts aurifères sont fort instructives, car, prenant en considération les conditions d’alors, il s’est écarté des conclusions de Cairnes et s’est rapproché beaucoup plus que ce dernier de la vérité. Il a reconnu que par le fait du perfectionnement des systèmes de transport et de crédit étant donné le point de départ inférieur des prix, ceux-ci seraient plus affectés sur le continent qu’en Angleterre. De même, son essai sur les impôts indirects (écrit pour le Cobden Club), malgré sa ten- dance à ne voir qu’un côté de la question, met fortement en évidence les inconvénients


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