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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/221

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niiiii.ismf  :


peuple russe les avaiiUiges qn’W peul retirer de cerUiiues du ses iuslilulious nuliouales est iniiuireste et peut être considérée, pur riiislorieii, comme une des causes les plus sérieuses du développement (juc prit le socialisme eu Kussie. ^’ous venons de le voir en ce qui concerne l’artel, nous pourrons encore le constater pour le iiiir, en nous occupant de la propagande agraire.

Mais ces moyens paciliciues ne furent i)as admis de tous  ; bientôt une fraction impor- tante se détache du parti  ; plus hardie, elle veut aller de l’avant et rejette tous les rc- nn-dcs proposés jadis, comme insuflisants et anodins. Les dissensions dans le parti pro- gressiste (inlclliiuntzia) deviennent de plus en plus tranchées et haineuses  ; le gouverne- ment allait avoir à combattre deux camps  : les libéraux et les révolutionnaires.

Vers 1863, à la suite de Tinsurrection de Pologne, se forma autour de Katl ;uir un parti réactionnaire, soutenant de toutes ses forces l’absolutisme impérial et s’insurgeant contre tous les projets de réforme de nature à don- ner quelque satisfaction aux opposants. En même temps le gouvernement inaugurait un régime de persécution contre les publicisles ilu parti révolutionnaire  : Tchcrnichcicsky, Michel Micitailow furent envoyés en Sibérie. C’est alors que surgit au sein du groupe révolutionnaire l’idée d’un attentat contre le t/^ar. Karakozoïv tenta, vainement, de tuer l’empereur (1806).

Sous la dictature de Mouraview les prisons de la capitale furent trop étroites pour con- tenir les « suspects » condamnés, et l’on dut les interner dans les provinces éloignées de l’empire. Les revues libérales les plus im- portantes, le <t Contemporain » notamment, disparurent. Le gouvernement s’apercevant qu’il avait devant lui un parti qui non seule- ment poursuivait des idées humanitaires, mais i[ui voulait avant tout parvenir à la réa- lisation des théories socialistes, sévit avec une rigueur inouïe contre les adeptes des doctrines nouvelles.

Cependant le nifiilisme proprement dit avait accompli son rôle. Le parti progressiste évolue vers le socialisme  ; les (euvres de Lassallc et de Marx [\ . ces noms) traduites en russe, commentées dans un grand nombre de brochures, répandues avec profu- sion, allaient pénétrer l’esprit même de la nation. Une association portant le nom de son fondateur le « Tchaikowsky » se forma en 1S70 pour inonder le pays d’ouvrages utiles à la propagande.

Au nihilisme proprement dit, au nihilisme doctrinaire allait succéder le nihilisme propagandiste.


4k. Le ■’ Mouvement dans le peuple •. - Divisions dans le parU rùvolutionnaire  : les libéraux et les socialistes.

Vers 187  :] commence l’effort le plus consi- dérable du socialisme russe  : la propagande « dans le peuple ». Les jeunes gens des deux sexes montrèrent alors un tel esprit d’abné- gation, une telle passion miséricordieuse pour le peuple que la plupart ne connais- saient que de nom, un tel dédain dos joies de ce monde et une si grande indillérence pour les persécutions dont ils étaient l’objet, que ce mouvement peut être regardé, quoi que l’on puisse penser du but visé, comme em- preint d’une grandeur surhumaine. « La folie du renoncement » semblait s’être emparée de toute cette génération qui « allait dans le peuple » vivre de sa vie, travailler comme lui, et prêcher, avec une ardeur infa- tigable, les principes socialistes. Il serait difficile de déterminer le nombre exact de ces nouveaux apôtres  ; on l’évalue pourtant il deux ou trois mille. Signe particulier, une grande partie de ces propagandistes apparte- nait aux classes les plus élevées de la société, et parmi eux les femmes étaient en grand nombre. Étudiants et étudiantes comptaient aussi pour beaucoup dans les forces du parti, surtout depuis le jour où un ukase impérial avait enjoint aux étudiants et étudiantes fixés à Zurich et y subissant l’influence de Bakounine, de rentrer en Russie (1873).

Les résultats de l’évangélisation du peuple furent remarquables. En 187o le ministère de la justice devait avouer que des groupes socialistes et révolutionnaires étaient orga- nisés dans 37 gouvernements sous forme d’ateliers, d’écoles, de sociétés de secours médicaux, etc. Les persécutions n’arrêtèrent pas cet essor  ; le nombre des prisonniers, allait pourtant et sans cesse grandissant et des procès retentissants étaient intentés à tous les suspects.

Le premier procès, celui « des cinquante » (1877), fut l’occasion de discours enllammés que prononcèrent des ouvriers et des jeunes filles devant leurs juges. En 1877, nouveau procès comprenant plus de 8U0 accusés qui eurent â subir un emprisonnement préventif de plus de quatre ans  ; 193 d’entre eux, seulement, comparurent devant le tribunal. Les discours prononcés à cette occasion furent d’une violence extrême et eurent dans le pays, où l’opinion publique montrait quelque sympathie pour les accusés, un retentissement considérable. Le verdict fut, d’ailleurs, des plus indulgents. Bientôt après se produisit un incident important  ; une jeune fille, Vera Ziissoiilitch, exaspérée


NIHILISME